ein sof

fragment

J'avale de la javel devant un grand magasin, je m'habille de pelures d'oignon et mes cicatrices ont la couleur de l'agate. Mes mains demeurent propres malgré tous ces passants qui m'ignorent tendrement. Il y a des nébuleuses jusque dans la vomissure : l'extase comme toute chose souffre de l'inflation.

#fragment

Te souviens-tu de l'odeur de l'orage ? Ils sont devenus tristes ces jours où il ne pleut plus sur la ville.

#fragment

Un appartement vide. Un bouquet de chardons, de bourraches, de pavots, poudré de cendre.

#fragment

Aurais-je préféré ne pas. Mais ne pas pouvoir faire autrement. Il y a des ruines avant le désert. J'avale l'incendie. Tout est si paisible.

#fragment

À la sortie du camp, un mort. Il me salue et me laisse passer. À mon passage, il me murmure quelque chose. Il tremble. Tout tremble. Il me salue à nouveau. Je ne réponds pas. Nous allons nous faire exécuter, me dit-il. Enfin. Encore. Je n'ai pas le temps pour ça. Il faut vaquer. Il y a de la neige entre mes idées. Charbon et verglas. Suis-je en paix maintenant ? Je peux me risquer dans le dedans du monde. Cette fois, peut-être qu'ils me tueront. Enfin. Encore.

#fragment

Hier, au matin, les bombardements avaient pris fin, je pouvais exister. Un trou s'étend dorénavant au-devant du monde. Son pourtour se confond à mon souvenir. J'y survis. Trébuche. Y sombre. Écho du sombre. Recommencement des bombardements.

#fragment

Je pleure souvent sous la pluie pour me confondre à mon environnement.

#fragment

J'ai coupé ma tête et je la place à présent sur ton épaule. Il me surveille, mais cela n'a plus d'importance. Je connais le bruit des oiseaux.

#fragment

Il y a des pavots qui poussent en ma mémoire. Des herbes sèches, des révoltes, peu d'amour. Il y a des naufrages qui s'évadent de ma salive. Je me dilue dans l'incertitude. L'embrun pour toute bouteille brisée, évidée de raison. Il y a des cormorans qui campent sur mes cerveaux. Des rémiges inutiles, mon servage, et ce monde à recommencer. Je vois les camps derrière les camps, la perspective se replie sur elle-même. J'en veux à l'horizon.

#fragment