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Travail famine putride Affamé de fêlures Le moteur d'une voiture Qui tourne Garage fermé À vide Au vide Insomnie fond sombre Plan de sauvegarde de l'emploi Les licenciements divisés par deux Sans lui Une lettre Peut-être pour dire Jour chômé l'éternité liquidée Province dimanche suicide Stop rouge feu Contre du béton de Chine Aquarium misère sale Nuit de l'opaque Nuit de l'OPEP Nuit à la santé Au bout Tout au bout De la troisième nuit Des poumons d'huile On retrouva son corps Travaillé de fumées & d'extinction Travaillé Pour rien

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Il y a du bitume sur le cosmos Carbone Carbure Carburant L'animal mort Devenu liquide Plus visqueux que Météo spectacle électoral La remigration & la publicité Petite musique chanson sale Incognito selfie devant des cadavres De l'écologie profonde moins l'étranger Pétrolifères les bottes brunes des évangiles Société formaldéhyde de nos gestes manqués

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Chaque bourgeon ressemble à une grenade Le vent du désert pour toute immigration Pollution lumineuse sous mélancolie d'avril LED comme une ville Des diodes jusqu'à l'impasse Rwanda terminus & ce sky coupé à l'agent orange Tangue stop Dopamine tristesse Des télés ignorées Reconverties En panneaux publicitaires Des passants qui clignotent Des bières éventées Des corps éventrés Des réductions Sur l'abonnement sans fil Sans filet dead shot Vision nocturne Plus verte que l'Orient Plus verdâtre Que toutes leurs plantes Artificielles Cul sec jusqu'à la moelle

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On ne nage pas 2x Dans le même fleuve Car on ne s'y noie qu'1x Il y a des frontières & des plates-formes pétrolières Des cadavres du hood Gonflés au sel Nefs & NFTs Chavirent Dans des nuits au sodium Mixtape des ombres M16s & M23 Pour que se scellent tes cellules Ton réseau qui vibre Shenzhen melancholia Les nuages ont des frontières Dans leurs réacteurs Tchernobyl au milieu du Kivu Vaporwave des labyrinthes déserts Colombite-tantalite N'attrape-rêve N'attrape rien Ball-trap sans colombes Des tentacules à la place des ailes Tout s'excave & ne retombe

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Luftmentsch sous les bombes J'ai des nébuleuses dans les poches Des seringues des mégots des rêves éteints Qu'entropie ne nous disperse Un peu de sable Des immeubles qui flottent Globes globules sans plaie Je plane drone hit & run Nous portons la pulsion le pulsar L'ultrason des destructions ordinaires Il y a des huissiers Des sirènes veineuses Des larmes plus lourdes Qu'un soleil qui s'effondre S'enracine white dwarf d'embruns D'atrabile sans cloud D'aucun trafic L'Afrique liquidée S'étiole d'ondes d'ondoiements Offshore sans corps ni frontières

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Je ne m'ennuie pas. Je m'active. Je me fais du café. Je ne m'ennuie pas. Je m'active. Je travaille. Je ne fais pas de bruit. Je respecte la hiérarchie. Je prends le métro. Je fais des heures supplémentaires avant de prendre le métro. Je ne souhaite pas polluer. Ils disent que nous sommes responsables de l'environnement. J'espère obtenir une promotion. Mes plats surgelés sont cuisinés par un chef. Ils le disent. Je ne mange pas de viande. Les animaux sont comme ça. Ils ne méritent pas. Ils ne m'ont jamais traité d'animal, les animaux. Les autres, ils disent que j'obtiendrais une promotion dans les cinq ans. Ils le disent. Je remplis un dossier pour une hypothèque. Ils disent que j'obtiendrais le titre de propriété dans trente ans. Ils le disent. Je m'inscris sur un site de rencontres. Je suis en ligne. J'attends. Ils disent que j'obtiendrais l'amour rapidement. Ils le disent. Ils disent que l'amour est possible. Je dois payer un abonnement pour que l'amour soit possible. Je paie. L'amour est possible. Ils le disent. Je peux commander un marteau sur Internet. Je l'obtiendrais dans les trois à cinq jours. Ouvrables. Ils le disent. Les clous doivent être commandés séparément. Ils ne le disent pas. Je me contente du marteau. Je creuse un espace à l'intérieur de ma tête pour respirer. Je respire. Je ne sais plus. Plus personne ne dit rien. Je respire. Ils le disent.

#fragment

Sous nuit sous pluie Peu gueulent peu veules Sous vol sous sol Si peu si gueux Trente sous tentes Peu seuls peu beurs Sous chiens sous rien Peu peuple peu creusent Sous peu sous fleuve Mais sans nuit pluie vol sol chien ou rien peu veules peu gueux & peu gueulent sous peu si peu qui creusent sous rien & de soi à soi le soir sans rien sous-peuple mais sans rien du soir où des beurs s'envolent sous-sols sans soi se noient ni peuple ni pluie sans sol sous fleuve que de restes que de chiens que ne reste-t-il si seuls si rien de nos restes pour les chiens

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Est-il si étonnant que ladite civilisation se soit fondée sur l'histoire d'un homme qui chouine et qui se venge d'avoir chouiné, et celle d'un homme qui se paume et qui se venge de s'être paumé ?

(Je parle d'Homère.)

#critique

La poésie, c'est une affaire olfactive. La poésie, ça doit puer. Ça doit assassiner tout ce qui ne pue pas. Ça doit sentir dégueulis, seringues vides, sang qui caille entre des dents cassées souriant amoureusement à la nuit. Pas moins.

Aux junkies, Aux suicidaires, Aux sans-papiers, Aux putains & aux enfants de putains, Aux gitons, Aux gitanes, Aux ermites & aux spectres, Aux parias de la psychiatrie, Aux sans-emploi, Aux SDF, Aux victimes à cœur ouvert, Aux oiseaux de cage, Aux sans-lettres, Aux sans-dents, Aux lunaires & aux lunatiques, Au très cher & très enfoui Lumpenprolétariat des mauvais jours, Toi qui danses juste avant le gouffre, À toi, La poésie tout entière. & à tous les autres, Ce qu'il reste du monde.

#critique

Un jour Ils ne diront plus que je suis l'animal Mais je n'aurai plus de langue Pour leur répondre Que toujours je demeurerai étranger à moi-même

Un jour Ils ne diront plus que je suis l'ennemi intérieur Mais je n'aurai plus d'oreilles Pour leur révéler Que toujours la racine a soulevé la terre

Un jour Ils ne diront plus que je suis le bruit et l'odeur Mais je n'aurai plus de nez Pour leur faire sentir Que toujours la flamme fut indistincte du feu

Un jour Ils ne diront plus que je suis la vermine Mais je n'aurai plus de mains Pour leur montrer Que sous ma peau dansent des spectres

Un jour Ils ne diront plus que je suis l'usurpateur Mais je n'aurai plus de regard Pour leur confier Que toujours la nuit a devancé nos rêves

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