vous nous aurez chassés de vos terres, je dis vos terres, car il vous est agréable d'entendre que cette terre est votre terre, alors qu'elle n'est qu'un peu de gravats entre nos soupirs. vous nous aurez chassés, & il ne restera plus rien de nous, jusque dans vos songes, dans ce liquide très noir qui peuple, la nuit venue, le ressac de vos esprits affairés, là, très bas, il ne restera plus rien des qualifications que vous apportiez à nos déviances. je me dissiperai à l'image de tous les autres dans ce vent du sud qui remonte sans but votre monde, & je ne vous tiendrai pas responsable de votre haine. il n'y aura en moi aucun redoublement de l'horreur, & si, par quelque force, je perdure, de ce vent à vos songes, dans l'image de ce spectre qui vous rappelle que la terre se creuse d'oubli, je laisserai la tourbe parler pour moi, déborder de la fosse jusqu'au frémissement du chardon qui pousse dans l'indifférence de nos gestes le long des sens uniques de l'histoire, en cette terre franche où nous avons tenté, tenté quelques instants de résister, & où il ne demeure que les souvenirs de notre fraternité des sous-sols.
#fragment
Au bar du bar-tabac
Une petite musique de la haine filtre
D'une radio éteinte
Avec ses âmes grillagées
Qui vocifèrent un peuple sans l'autre
Là où l'autre de l'autre
& ses dialectiques sales
Se contentent d'une image
D'averse & d'aversion
Toute cause a son étranger
Que l'on noie tant bien que mal
Dans le vin & dans la mer
Mais dans le loin de leur malemort
Rien ne dit
& le paysan
& son fusil
Planté dans la boue
Jusqu'à la plaie
Qui alla aux ventres des bêtes
À son tour s'y noyer
Avant que l'arme
Ne s'en retourne
À son ciel
Au silence
De nos commodités
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Les géraniums sont tranquilles aux fenêtres du village.
Ce matin, quelques gendarmes ont expulsé le dernier migrant.
Un café fermé & de la poussière nationale pour tout décor.
Il y a des affiches électorales qui peuplent notre silence.
& ce soleil de printemps qui dure plus longtemps que la plainte de l'autre.
Tout a un goût de mort. Tout est si paisible dans ce goût qui nous revient.
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Nous la peau de nuit
Nous les nuisibles
Nous le hurlement jusqu'à l'étouffement
Nous l'étouffement & ses identités troubles
Nous l'absence de visage sous la bavure
Nous la saignée des sangs sales
Nous l'oubli du rire dans le sang sale des dents cassées
Nous du tout au bout de la matraque
Nous dans le défaut de notre histoire nôtre
Nous en offrande à l'œil des faisceaux
Nous la virtualité de notre chair
Nous la chair de toutes les menaces
Nous le fruit oblique de leurs peurs
Nous la gueule ouverte aux pluies acides
Nous le choléra avant la peste
Nous la rouille sous le lustre
Nous le sable du désert
Nous ce grain de sable qui grippe la machine d'occident
Nous la cause de la catastrophe climatique
Nous de toutes les catastrophes qu'ils désignent dans nos ombres
Nous le paysage du lointain qui menace les paysages de l'ici
Nous le surnuméraire liquidé avant la faillite
Nous le remplacement des peuples
Nous la division jusque dans leur pureté
Nous le travail sans salaire qui divise la terre
Nous sous la terre & sans valeur
Nous l'ilote soumis à notre seule valeur d'offre & de demande
Nous le joug qui continuera de nous faire baisser la tête
Nous l'acharnement à dire oui à tout maître à toute substitution du maître
Nous le vide qui devance le rebord
Nous la tentation d'y flotter plus longtemps que le néant
Nous le vocable qui écorche la bouche des blancheurs
Nous la boue qui macule la langue blanche de toutes leurs blancheurs
Nous la goutte de sang plus lourde que la boue qui s'infiltre en nos veines
Nous de cette goutte qui perle à la plaie de nos regards éteints
Nous les funambules des frontières
Nous la pendaison aux grilles de l'unique frontière
Nous l'extrême nord de notre potence
Nous la corde plus que le corps qui y pendra
Nous le soupir avant l'abattoir
Nous le naufrage qui emporte les démocraties
Nous l'écho sous-marin du marché libre
Nous la petite marée des embarcations chavirées
Nous la mer qui n'est jamais la mer Méditerranée lorsque l'on s'y noie
Nous la souillure des plages si blanches que l'on dirait de la chaux
Nous le quasi-silence de nos bronches de sel
Nous le vague & nous la vague qui rapportera notre cadavre
Nous le renflement d'un cadavre qui aura rêvé avec l'abysse
Nous l'abysse qui portera encore & encore si peu d'écume & de rêve
Nous le corps noyé que l'on pendra quand même pour l'exemple
Nous le spectre sans yeux & sans nom que l'on exhibera jusqu'à la fin des fins
Nous avec nos sœurs les corneilles si noires de nos yeux & de notre nom dévorés
Nous la fin des fins de tous nos exils
Nous dans la détestation du nous
Nous jusque dans la disparition de nous
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Des ratonnades
En périphérie d'Uranus
On y a creusé la
Tombe tout le jour
& on y a dormi longtemps
Jusqu'à cet endroit
Du souffle
Où de la nuit l'œil
S'ourle bleui d'interrogatoires
Devient ce point fixe
Sans étoiles
Où on y dévore
Le goudron à plus soif
Hydrocarbure sans trêve
Pour cette aurore des fins
Qui ne nous quitte
D'une semelle
Le songe avait le goût
Du cuivre & de l'urine
Impasse sombre
Des Arabes abattus
Le fleuve est une cicatrice
Un labyrinthe d'abattoirs
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1X84-2k24
184 km/h
1,4 ‰
1 g de C
A86
Nord ô périph nord
Sens inverse
Sans espoir
CB négatif
Par zéro
3x glisse
Glissière
U-turn
180°
En X
30 s
Vapes
Vapeurs
Flammes
980 °C
Thermodynamique
2e loi
2e voie
0 bpm
5 minutes
2 ambulances
3 orphelines
1 divorce
Consumé
6 mois d'arriéré
12 mois de sursis
Purgés
4 planches
1 notaire
Dettes 5k
3 bouquets
Fanés
Concession
30 ans
Silence
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Travail famine putride
Affamé de fêlures
Le moteur d'une voiture
Qui tourne
Garage fermé
À vide
Au vide
Insomnie fond sombre
Plan de sauvegarde de l'emploi
Les licenciements divisés par deux
Sans lui
Une lettre
Peut-être pour dire
Jour chômé l'éternité liquidée
Province dimanche suicide
Stop rouge feu
Contre du béton de Chine
Aquarium misère sale
Nuit de l'opaque
Nuit de l'OPEP
Nuit à la santé
Au bout
Tout au bout
De la troisième nuit
Des poumons d'huile
On retrouva son corps
Travaillé de fumées
& d'extinction
Travaillé
Pour rien
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Il y a du bitume sur le cosmos
Carbone
Carbure
Carburant
L'animal mort
Devenu liquide
Plus visqueux que
Météo spectacle électoral
La remigration & la publicité
Petite musique chanson sale
Incognito selfie devant des cadavres
De l'écologie profonde moins l'étranger
Pétrolifères les bottes brunes des évangiles
Société formaldéhyde de nos gestes manqués
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Chaque bourgeon ressemble à une grenade
Le vent du désert pour toute immigration
Pollution lumineuse sous mélancolie d'avril
LED comme une ville
Des diodes jusqu'à l'impasse
Rwanda terminus
& ce sky coupé à l'agent orange
Tangue stop
Dopamine tristesse
Des télés ignorées
Reconverties
En panneaux publicitaires
Des passants qui clignotent
Des bières éventées
Des corps éventrés
Des réductions
Sur l'abonnement sans fil
Sans filet dead shot
Vision nocturne
Plus verte que l'Orient
Plus verdâtre
Que toutes leurs plantes
Artificielles
Cul sec jusqu'à la moelle
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On ne nage pas 2x
Dans le même fleuve
Car on ne s'y noie qu'1x
Il y a des frontières
& des plates-formes pétrolières
Des cadavres du hood
Gonflés au sel
Nefs & NFTs
Chavirent
Dans des nuits au sodium
Mixtape des ombres
M16s & M23
Pour que se scellent tes cellules
Ton réseau qui vibre
Shenzhen melancholia
Les nuages ont des frontières
Dans leurs réacteurs
Tchernobyl au milieu du Kivu
Vaporwave des labyrinthes déserts
Colombite-tantalite
N'attrape-rêve
N'attrape rien
Ball-trap sans colombes
Des tentacules à la place des ailes
Tout s'excave
& ne retombe
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