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Souviens-toi. Tu avais la gueule d'une tortue piégée dans l'hyperréalité. Mauvaise tête des mauvais jours. Et mon estomac perforé ressemblait à la décharge d'un sweatshop. Il y avait des barbies et des barils. Ken & Brent. Des pipelines et des pipes à crack. Tout y était plancton et phosphorescence. Tout y était doux et en hard discount. Je mâche mes rêves. Encore un peu. Tu es du lointain. Six o'clock. Usine du troisième secteur. Again. Born against. Néant.

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Souviens-toi. Le monde se fissurait, et c'était bien. Aujourd'hui la perspective triste. Horizon pastel. Vote for la social-démocratie pour danser une waltz zombie. Tu trébuches. Tu sautes à l'élastique deux fois dans le marécage. Deux fois tu en reviens le plastique pour seul amour. Se contenter. Et le plastique a un goût de soufre. Il y a des continents qui flottent paisiblement dans l'océan fantôme. Pacific time de la vacance.

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Souviens-toi. En bas de chez toi des ornithorynques en aloha shirt qui buvaient le thé de cinq heures dans des cans de haricots rouges. Tout astre n'y était qu'une multiplication de lui-même. Quantum dissolution dans un sachet d'herbe cultivé par quelques esclaves du tiers-tiers. Mais on faisait comme si. Silence sous culture bio. De l'avoine dans le thé le thé dans les pissotières les pissotières dans les nuages les nuages dans les réserves d'eau potable la drink water dans l'avoine. Calcul rénal de la ristourne. Retour du même. Reset.

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Mais il ne reste que moi, et j'y demeure enfermé. Le petit tapis roulant de la caisse de la grande surface emporte mes rêves de Byzance, et, au loin, au coin d'un soupir, c'est la nébuleuse d'Orion qui se penche sur ma faim. Des langoustes plus grandes que l'hiver dansent un tango lent entre mes pas. Je n'aime pas beaucoup les animaux, ils me rappellent trop souvent ce que nous ne sommes pas. Des crucifix sous cellophane. Extase au rabais. J'habite le dernier terrier avant l'extinction.

#fragment

Un papillon blanc sur un mur de chaux. Des passants indifférents. D'un chien en laisse quelques aboiements. Jour chômé. Le ciel a la couleur d'un bleu de travail. Des feuilles brûlées par la sécheresse. Et le goudron tavelé par les pluies acides. Pluies qui ne viennent plus. De la poussière sous le réel. Les voitures passent. Irrégulièrement. Le papillon s'envole. Tout est parfait.

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La poésie ne vaut pas grand-chose, car les gens s'obstinent à mettre de la poésie dans des livres.

#critique

Âmes entre deux flots, nous n'existons que par incertitude. Notre présence au monde se résume aux battements éternels des portes du métro. La débauche nous a débauché la vie, et il n'y a plus que des rues vides tout autour de nos incertitudes. Appartement petit, avenir étroit. Nous ne sommes qu'une incarnation de la pluie. Averse silencieuse d'une matinée de novembre. Il pleut toujours au-dessus de la friche industrielle de nos souvenirs.

#fragment

Ils étaient beaux comme le désespoir. Que pouvaient-ils encore espérer ?

#fragment

J'écris en ce moment à côté d'un chantier. Tout ce qu'il y a de chantier dans l'écriture. De chantier et de gravats. Pour faire face, pour fuir, pour écrire, il faut s'enterrer dans une bulle. Mais que devient cette bulle lorsqu'elle éclate silencieusement ? L'explosion est toujours en filigrane de l'écriture.

#critique

Je me suis pendu par les intestins hier soir. N'ai pas eu besoin de barbelés cette fois. On m'a décroché au petit matin, et je suis retourné au travail. Avec les autres des souterrains. Entre nous, il y avait un silence d'ombre. À la pause déjeuner, elle m'a montré les bêtes. Puis elle m'a montré le fusil. Je n'ai pas mangé aujourd'hui.

#fragment

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